Quel est le rôle du tenofovir et de l'emtricitabine dans la prévention du VIH ?

- Les différences entre le tenofovir et l'emtricitabine
- Leur mode d'action combiné contre le VIH
- Leur efficacité en PrEP et les effets secondaires à surveiller
- Comment y accéder en France
- Ce que dit la réglementation française en 2025
Qu'est-ce que le Tenofovir ?
Le tenofovir disoproxil fumarate (TDF) est une prodrogue du tenofovir, un inhibiteur de la transcriptase inverse nucléotidique (NRTI). Une fois activé dans l'organisme, il empêche le VIH de se répliquer en bloquant l'enzyme indispensable à sa reproduction.
Qu'est-ce que l'Emtricitabine ?
L'emtricitabine (FTC) est un inhibiteur de la transcriptase inverse nucléosidique. Elle agit de façon similaire au tenofovir, mais les deux médicaments ciblent le virus à des niveaux complémentaires, ce qui renforce leur efficacité en association.
Comment agissent-ils ensemble ?
L'association du ténofovir et de l'emtricitabine constitue une stratégie puissante contre le VIH. En ciblant la même enzyme virale par des mécanismes légèrement différents, ils bloquent efficacement le processus de réplication du VIH. Cette action est particulièrement pertinente dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP), où la prise régulière de ces médicaments par des personnes non infectées mais à haut risque d'exposition au VIH permet de prévenir l'établissement de l'infection. Ils sont également un pilier des régimes de traitement pour les personnes vivant avec le VIH, contribuant à réduire la charge virale à des niveaux indétectables.
Bon à savoir
Truvada et ses génériques sont utilisés aussi bien dans la PrEP que dans le traitement combiné du VIH (en trithérapie).
La PrEP avec Tenofovir et Emtricitabine
Depuis 2016, la PrEP est autorisée en France. Elle consiste à prendre quotidiennement (ou selon un protocole "on demand") une association emtricitabine/tenofovir disoproxil pour réduire le risque d'infection par le VIH.
Cette stratégie est recommandée pour les personnes à haut risque :
- Hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH)
- Travailleurs du sexe
- Partenaires de personnes séropositives non indétectables
Selon une étude publiée dans The Lancet HIV (2023), la PrEP par emtricitabine/tenofovir réduit le risque d'infection par le VIH de 99 % lorsqu'elle est prise correctement. Ce que confirme d’ailleurs le Dr Pascale Perfezou, responsable du pôle de santé publique, responsable de l’unité VIH et de la consultation PrEP (prophylaxie pré-exposition), à l’hôpital de Quimper (Finistère) dans une interview accordée à Ouest France : “La PrEP, c’est deux molécules en un seul comprimé, Ténofovir et Emtricitabine. Ce sont des molécules qu’on connaît depuis un moment puisqu’elles sont utilisées pour traiter les personnes séropositives. Parallèlement à cet usage, des études ont débuté, il y a plus de dix ans, dans plusieurs pays d’Afrique, d’Europe, d’Amérique du nord, pour voir si, en prenant ces molécules de manière préventive, on pouvait empêcher la contamination. Toutes sont unanimes sur son efficacité.”
Quels sont les effets secondaires ?
Les effets secondaires les plus fréquents sont modérés :
- Nausées
- Céphalées
- Troubles digestifs
Mais des effets à long terme peuvent exister :
- Risques rénaux (surveillance de la créatinine)
- Diminution de la densité osseuse
Une surveillance médicale est indispensable, avec des bilans réguliers (fonction rénale, test VIH, hépatites).
Toxicité rénale
Des cas de toxicité rénale ont été associés à l'utilisation du ténofovir. Pour cette raison, votre médecin prescrira des analyses sanguines régulières (dosage de la créatinine et des phosphates) avant le début du traitement, puis mensuellement afin de s'assurer du bon fonctionnement de vos reins. Une vigilance accrue est nécessaire si vous présentiez déjà une insuffisance rénale avant de commencer le traitement.
Suivi en cas d'Hépatite B Co-existante
Si vous êtes également atteint d'une hépatite B, des analyses régulières des transaminases (enzymes hépatiques) et des marqueurs de l'infection virale seront indispensables pendant toute la durée du traitement et pendant au moins six mois après son arrêt. Ces examens permettent de suivre l'évolution de votre hépatite B. Une surveillance renforcée est impérative pour les personnes co-infectées par le VIH et le virus de l'hépatite B.
Risque d'atteintes osseuses
Les traitements antirétroviraux, y compris ceux à base de ténofovir, peuvent potentiellement affecter les os, en particulier en présence de facteurs de risque tels qu'un traitement par corticoïdes, l'obésité, une consommation excessive d'alcool ou une immunodépression avancée. Consultez rapidement votre médecin en cas de douleur persistante à la hanche, au genou ou à l'épaule, de raideur articulaire ou de difficultés inhabituelles pour vous déplacer.
Information Importante : Prévention de la Transmission de l'Hépatite B
Vous devez comprendre que le traitement antiviral, même s'il contrôle l'hépatite B, ne supprime pas le risque de transmission du virus lors de rapports sexuels. Il est donc impératif de continuer à utiliser des mesures de protection appropriées, comme les préservatifs, pour protéger vos partenaires.
Mise en garde pour les conducteurs : Risque de vertiges
Ce médicament peut occasionnellement provoquer des vertiges. Si cela vous arrive, soyez particulièrement prudent lorsque vous conduisez des véhicules ou utilisez des machines potentiellement dangereuses.
Coûts et disponibilité
- Médicaments génériques : 20 à 50 € par mois sans remboursement
- Truvada original : plus cher, mais rarement prescrit
- En France, la PrEP est gratuite dans les centres CeGIDD et hôpitaux
- Des ruptures d’approvisionnement ont été signalées en 2024 selon AIDES
Bon à savoir
Des génériques disponibles depuis 2017 ont permis une diffusion plus large de la PrEP.
Législation et encadrement médical
En France, la prescription de la PrEP est encadrée par la Haute Autorité de Santé. Une première consultation permet d'évaluer les risques, de faire un test VIH, hépatite B et un bilan rénal. Un suivi tous les 3 mois est ensuite requis.
Tout médecin peut prescrire la PrEP, qu’il exerce en hôpital, en CeGIDD, en centre de santé ou en cabinet libéral. Les médecins généralistes souhaitant prescrire la PrEP peuvent se former en ligne sur les plateformes formasantesexuelle.fr et guideline.care, qui sont toutes deux destinées aux professionnels de santé exerçant en France.
Il est également possible d'obtenir ces traitements via des plateformes de télémédecine réglementées, si les conditions médicales sont remplies.
Les consultations de suivi peuvent être réalisées en téléconsultation, en accord avec la personne, dans le respect du cadre réglementaire en vigueur.
Avertissement !
La PrEP ne remplace pas le port du préservatif pour se protéger des IST.
En résumé
Le tenofovir et l'emtricitabine, en association, sont aujourd'hui au cœur de la prévention du VIH. Leur efficacité, largement prouvée, en fait un outil majeur pour les populations à risque. Mais comme tout traitement, ils nécessitent un suivi médical rigoureux pour être pleinement bénéfiques et sans danger.
Au-delà de leur rôle individuel, la recherche continue d'explorer de nouvelles formulations et stratégies d'administration pour le ténofovir et l'emtricitabine, visant à améliorer encore leur tolérance, leur accessibilité et leur impact sur l'épidémie du VIH à l'échelle mondiale. L'émergence de formulations à action prolongée pourrait, à terme, simplifier l'observance et étendre la portée de la prévention et du traitement.
FAQ
Peut-on acheter du tenofovir et de l'emtricitabine sans ordonnance ?
Non. Ces médicaments sont soumis à prescription médicale, en raison de leurs effets potentiels et du besoin de suivi.
La PrEP est-elle efficace immédiatement ?
Non. Il faut compter environ 7 jours de prise quotidienne avant qu'elle soit pleinement efficace pour les hommes, et 21 jours pour les femmes en exposition vaginale.
Puis-je arrêter la PrEP si je n’ai plus de risques ?
Oui, mais uniquement après discussion avec un professionnel de santé. Un protocole de fin de traitement est recommandé.